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15/01/2014

Jean-Baptiste Say, mort en 1832 : Hollande a trouvé son nouveau maître au musée Grévin du libéralisme

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...et l'a cité ouvertement dans sa conférence de presse :

 


 

Archétype du pense-faux libéral, Jean-Baptiste Say fut l'un des premiers à proclamer l'idéologie de la concurrence ''libre et parfaite'', de l'autorégulation du marché et de l'équilibrage spontané des flux : piliers du système qui régente le monde depuis la fin du XXe siècle.

Say en déduisait l'impossibilité des crises de surproduction et du déséquilibre global dans l'économie de marché, ce qu'il résumait par cet abracadabra : ''toute offre crée sa propre demande''.

Ce principe est boîteux (comme le reste de la doctrine de Say) : tout le monde sait depuis les années 1930 que les entrepreneurs doivent s'adapter à la demande effective – celle des ménages –, l'anticipation sur les ventes futures déterminant le niveau de production réelle ; et cela encore plus dans les périodes de crise comme la nôtre, où les entrepreneurs préfèrent éviter les invendus (et où le phénomène retentit sur les salaires, les emplois et la consommation).

Or M. Hollande a proféré l'abracadabra de Say  (''toute offre crée sa propre demande'') lors de sa conférence de presse d'hier.

Déjà discutable en elle-même, cette formule magique devient surréaliste dans le contexte de 2014 – et spécialement par rapport au propos de M. Hollande dans sa conférence de presse, puisqu'il voulait justifier ses nouveaux cadeaux au Medef.

Pour que ces cadeaux (les baisses de charges) aient un effet bénéfique sur la demande, il faudrait que les entrepreneurs les répercutent par des baisses de prix : et c'est ce qu'ils ne vont pas faire, n'étant soucieux que de reconstituer leurs marges.

Par ailleurs, les patrons de PME interrogés ce matin par les radios convenaient que leur urgence était de retrouver des commandes, plus encore que de voir baisser leurs charges.

''M. Hollande a donc fait un hors-sujet'', disent ceux qui l'en excusent parce qu'il avait d'autres préoccupations.

Les autres remarquent que citer Jean-Baptiste Say n'est pas innocent. M. Hollande n'a plus qu'à citer le furieux libre-échangiste Frédéric Bastiat, et la gauche sera revenue (maillet battant) à ses origines individualistes libérales et bourgeoises – où elle retrouvera sa fausse adversaire : la droite.

 

 

Commentaires

> Trierweiller moins pour Gayet plus !
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Écrit par : spooner / | 15/01/2014

FACTEUR 12

> Un peu de publicité: voir l'excellent Facteur 12 du non moins excellent binôme Renouard - Giraud, sur la résorption de la crise et la réorientation de l'économie.
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Écrit par : Pierre Huet / | 15/01/2014

DOUBLE VIE

> On ne parle que de la double vie amoureuse du président.
Mais sa double vie idéologique, bernique !
Il passe son temps à annoncer quelque chose et en faire une autre (sauf pour le mariage pour tous, il faut le reconnaître, c'est le seul domaine où il a été honnête)

@ spooner

> bien trouvé

j'ai reçu un mail avec la photos des deux copines : "le changement c'est maintenant"
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Écrit par : E Levavasseur / | 15/01/2014

OBSTINATION

> Il faudrait que les obstinés libéraux qui restent chez les catholiques sachent que Bastiat était un franc-mac enragé... et que ça va avec le reste... individualisme... libertarisme économique...
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Écrit par : Alain Breza / | 15/01/2014

bonjour Patrice,

> Radio Vatican répercutait ce midi les félicitations de la commission européenne à François Hollande, c'est factuel, et citait "Toute offre crée sa propre demande". Le ton du journaliste était bien bonhomme et je n'ai entendu aucune prise de recul critique.
J'en suis vraiment consterné. Comment comprendre que Radio Vatican joue en l’occurrence ce rôle de courroie de transmission non critique? Je ne parviens pas à comprendre.
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Écrit par : epsilon / | 15/01/2014

BASTIAT

> Bastiat était aussi catholique.

Blaise


[ PP à Blaise - Vous voulez dire : baptisé ? Hitler et Staline aussi. ]
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Écrit par : Blaise / | 15/01/2014

DIFFERENTS SECTEURS

> Si je souscrit à la globalité des réflexions présentées, je me permets d'apporter un petit bémol sur l'argument suivant :
"Pour que ces cadeaux (les baisses de charges) aient un effet bénéfique sur la demande, il faudrait que les entrepreneurs les répercutent par des baisses de prix".
je pense qu'il y là une trop grande généralisation qui ne prend pas en compte les différents secteurs de la vie économique française et tout particulièrement celui de l'industrie et parmi celui-ci les industries de sous-traitance.
Je vous donnerai pour exemple celui que je connais à savoir le secteur de la mécatronique dont fait partie l'industrie du décolletage.
Pour ceux qui se rendent parfois à Chamonix, vous traversez la vallée de l'Arve, de Genève à Cluses (grosso-modo), où est concentré le plus grand nombre d'entreprises de ce secteur industriel en Europe avec 60.000 emplois concernés !
Le décolletage, c'est la fabrication de pièces métalliques de toutes tailles et souvent très complexes par décolletage de matière à l'aide de tours numériques. Ces entreprises fabriquent des pièces à destination des principaux constructeurs automobiles dans le monde, le secteur médical (orthèses, prothèses), l'aéronautique, Ariane espace, la téléphonie etc...
Cette activité industrielle possède des caractéristiques qui nous intéressent dans notre débat :
- il s'agit uniquement d'entreprises de sous-traitance parfois même de 3e rang (sous traitant de sous traitant de sous traitant) avec la fragilité que donne la dépendance à un donneur d'ordre lui même fragile,
- afin de rester compétitives, plus encore que beaucoup d'activités industrielles, ces entreprises ont l'obligation de consacrer un pourcentage énorme de leur marge brute à l'achat de matériels nouveaux, et ce quasiment chaque année et notamment de tours à commandes numériques de dernière génération. Les entreprises qui ne l'ont pas fait ces dernières années faute "d'air" financier se sont toutes cassées la figure, sans exception.
- ce sont quasi exclusivement des PMI (< 250 salariés) avec un actionnariat essentiellement familial (même si certains fonds de pensions américains ont fait quelques dégâts !!!!!! : voilà une piste de travail et pas les tartes à la crèmes habituelles !)
- un niveau de salaires élevés dû tant à la proximité de la Suisse qu'au niveau de qualification ouvrière requis
Toutes ces caractéristiques expliquent qu'aujourd'hui ces entreprises de sous-traitance extrêmement dépendantes et ne maitrisant pas les coûts de vente sont réellement asphyxiées par un niveau de charges excessifs par rapport à leurs concurrents européens (les autres, n'en parlons pas) et parmi eux les allemands. Il est à noter que les entreprises allemandes de ce même secteur ont les mêmes caractéristiques (sous traitance, PMI, actionnariat familial etc...)
J'ajouterai également que l'industrie en sous-traitance en France est une réelle richesse (ignorée) tant par le nombre de PMI existant que le nombre de familles qu'elles font vivre que encore leur niveau d'inventivité et de créativité (je parle ici de choses très concrètes) et enfin les hautes technologies développées.
le monde réel n'est ni Vuitton, ni Orange.
En conclusion, je persiste à penser qu'un des grands défauts que nous avons en France est de raisonner parfois de façon trop schématique et idéologique lorsque le bon sens devrait nous amener à considérer chaque difficulté "en bon père de famille".
Enfin et j'en finis là : plusieurs de ces patrons de PMI sont des fervents lecteurs de Chesterton et ce n'est pas une blague ! Il est vrai qu'ils ne sont pas en odeur de sainteté auprès des Medef CCI et consorts.
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Écrit par : gdecock / | 15/01/2014

@ PP

> Pire que cela! Il se disait catholique; Hitler était un apostat.
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Écrit par : Blaise / | 15/01/2014

JAURÈS

> A voir qui François Hollande a choisi comme maître, Jean Jaurès doit se retourner dans sa tombe !
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Écrit par : Arnaud Le Bour / | 15/01/2014

OPTIMISTE

> Personnellement, je n'attends qu'une chose de la baisse des charges sur les entreprises : moins de dépôts de bilan. Et je suis peut-être trop optimiste.
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Écrit par : Barbara / | 16/01/2014

Les commentaires sont fermés.